Mardi 12 Décembre 2017 |
Échanges littéraires avec Guy Jimenes, écrivain et subtil passeur
« Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe "aimer"... le verbe "rêver"... »
L'antienne est bien connue des pédagogues...
Pourtant, le 12 décembre dernier, les élèves de 1èreL1 risquent
fort de démentir Daniel Pennac... tant le charme de Guy Jimenes, écrivain discret, modeste et ouvert, agit sur l'auditoire lycéen.
Le long travail patient de toute une équipe, en coordination étroite avec un professeur documentaliste, est le socle de ces heures privilégiées d'échanges.
Mme Digonnet, professeur d'Espagnol, soutenue par Mme Lauquin, professeur de Lettres de la classe, décrypte l'arrière-plan historique de L'Enfant de Guernica et analyse la toile de Picasso.
Or, 2007 rime avec la commémoration des 70 ans du bombardement de Guernica, au pays basque, le 26 avril 1937.
« Et la commande d'un éditeur ça ne se refuse pas... même si c'est difficile, affirme devant les auditeurs surpris le rédacteur de ce récit subtil et bouleversant.
Vous imaginez-vous lire par-dessus l'épaule d'un romancier ?
Eh bien cela se joue à ce moment précis de la rencontre et c'est passionnant pour tous ! »
Les lycéens se remémorent les conseils avisés d'un théoricien des Lettres, le vieux Boileau :
« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse... »
En effet, dans une grande simplicité Guy Jimenes évoque la scène émouvante de l'enfant découvrant la mort de son père et... ses maintes réécritures.
– Ce qui importe, c'est l'émotion du lecteur... et c'est loin d'être gagné. Il faut travailler ! ajoute-t-il.
Ancien bibliothécaire, Guy Jimenes, est, dans sa jeunesse, un passionné de « littérature enfantine »... une expression in tantinet désuète aujourd'hui. Dans ses nombreux récits, souvent primés, cet homme bienveillant et souriant met beaucoup de lui-même. Ainsi s'opère une mystérieuse alchimie : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ».
La toupie-fétiche d'Emilio, un souvenir nostalgique de ses propres jeux sur sa terre natale ensoleillées, oui sans doute... et aussi l'intérêt porté aux bandes d'enfants de Lima, lors d'une récent voyage au Pérou.
Que dire de l'agréable promenade accompagnée dans la riche production littéraire de Guy Jimenes ?
Les oublié s de l'Histoire, tel le vieux tsigane, la lutte contre la dictature dans La Protestation, les valeurs fortes de solidarité, d'amitié, de courage émanant de Noar le corbeau... autant de fils rouges, propres à aiguiser la curiosité et à éveiller des vocations chez nos littéraires.
Quelle émotion est la sienne à la vue des fresques , fruits du patient travail des Premières GA, sous l'autorité de leur chef d'orchestre Mme Gennevaux, professeur d'Arts Appliqués !
Le leitmotiv traversant le récit : « Il n'y a pas de mémoire qui vaille sans une part d'oubli » résonne en point d'orgue chez le public subjugué.
Prodigieuse ouverture sur les arcanes de l'édition et l'humble travail de création littéraire... toujours en devenir,... la moisson engrangée est abondante.
Guy Jimenes, un inestimable passeur pour tous nos lycéens !