Vendredi 24 Novembre 2017 |
Les lycéens de Jean Zay au Panthéon
Interventions des élèves du lycée Jean Zay d'Orléans lors de la commémoration au Panthéon de la fondation en 1937 par Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, de l'Institut d'Histoire de la Révolution française.
Interventions de Maïwenn Filiol, Jules Mellot et Riad Oukili
Il y a environ un mois, j'apprenais que je venais ici, ici au Panthéon. J'avais beaucoup entendu parler de ce bâtiment sans vraiment le connaître. J'ai donc décidé de chercher sur internet, premier résultat : « Le Panthéon est un monument ». Un monument désigne une chose qui permet de se rappeler de quelqu'un ou de quelque chose.
Alors oui, Jean Zay est ici, au Panthéon. Mais je n'ai pas besoin du Panthéon pour me rappeler de lui. Il nous suffit d'aller en cours. Nous n'avons qu'à regarder la plaque dans le hall de mon lycée à Orléans, qui explique la mort de Jean Zay. Nous n'avons qu'à regarder les pulls que beaucoup d'élèves sont fiers de porter de jours en jours, avec la signature de Jean Zay.
Il me suffit de regarder mon carnet. Dans ce carnet, il y a une idée que j'apprécie, une idée qui insiste sur le fait que Jean Zay n'est pas mort car il perdure dans le temps, «il est là aujourd'hui, avec nous ». Il est là, grâce à ses idées, sa pensée.
C'est ainsi qu'il pensait souvent au futur, à nous, aux générations à venir : « Ils auront besoin de connaître et de comprendre le monde où ils seront appelés à vivre », écrivait-il. Dans ses paroles, Jean Zay pensait à l'avenir. Il a mené durant sa vie un combat pour l'avenir, pour notre avenir.
Dans ce combat, Jean Zay eut une force de conviction remarquable qu'il réussit encore aujourd'hui à nous transmettre.
Aujourd'hui encore, dans le monde de l'éducation, la mémoire de Jean Zay perdure. Il influence toujours aujourd'hui, notamment grâce à l'Institut d'Histoire de la Révolution Française qu'il a fondé en 1937, il y a 80 ans, sans doute parce qu'il retrouvait, dans la pensée révolutionnaire, les valeurs qu'il défendait. C'est pourquoi nous allons lire quelques extraits de textes qui datent de la Révolution et qui parlent des valeurs défendues par Jean Zay.
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Le premier extrait que nous avons choisi est le début du Rapport sur l'instruction publique proclamé par Condorcet à l'Assemblée Nationale les 20 et 21 avril 1792. Il illustre parfaitement l'action de Jean Zay en tant que ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts.
« Offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur v=bien-être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs ; Assurer à chacun d'eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a droit d'être appelé, de développer toute l'étendue des talents qu'il a reçus de la nature, et par là, établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l'égalité politique reconnue par la loi. Tel doit être le premier but d'une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice. Diriger l'enseignement de manière que la perfection des arts augmente les jouissances de la généralité des citoyens et l'aisance de ceux qui cultivent ; qu'un plus grand nombre d'hommes deviennent capables de remplir les fonctions nécessaires à la société, et que les progrès toujours croissants des lumières ouvrent une source inépuisable de secours dans nos besoins, de remèdes dans nos maux, de moyens de bonheur individuel et de prospérité commune ; cultiver enfin, dans chaque génération, les facultés physiques, intellectuelles et morales, et, par-là, contribuer à ce perfectionnement général et graduel de l'espèce humaine, dernier but vers lequel toute institution sociale doit être dirigée : tel doit être l'objet de l'instruction ; et c'est pour la puissance publique un devoir imposé par l'intérêt commun de la société, par celui de l'humanité entière. »
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Nous avons enfin sélectionné quelques articles de la déclaration des droits des gens de l'abbé Grégoire, présentée en 1793 puis en 1795, pour évoquer l'action de Jean Zay pour l'égalité, la liberté et leur défense contre les dictatures qui ont mené à la Seconde Guerre Mondiale.
Article 1 : Les peuples sont entre eux dans l'état de nature, ils ont pour lien la morale universelle.
Article 4 : Les peuples doivent en paix se faire le plus de bien, et en guerre le moins de mal possible.
Article 8 : Il n'y a de gouvernement conforme aux droits des peuples que ceux qui sont fondés sur l'égalité et la liberté.
Article 15 : Les entreprises contre la liberté d'un peuple sont un attentat contre tous les autres.
Article 17 : Un peuple peut entreprendre la guerre pour défendre sa souveraineté, sa liberté, sa propriété.
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« Orléans dont je connais toutes les pierres et tous les visages, ceux des vivants et ceux des morts », voici ce que disait Jean Zay en 1936. Étant orléanaise, élève au lycée Jean Zay qui plus est, ces mots me touchent, et m'inspirent. Mais ce ne sont pas seulement ces quelques mots qui m'inspirent, c'est Jean Zay lui-même, et ses multiples engagements. Je ne vais pas vous retracer tout son parcours, je pense en effet que nous savons tous ici qui était cet homme, et à quel point il marqua la France.
Mais si je ne détaille pas sa vie, de quoi alors pourrais-je bien parler ?
Étant jeunes, je pourrais vous dire à quel point les actions de Jean Zay ont encore une influence sur notre vie, plus de 80 ans après sa nomination en tant que ministre de l'éducation et des Beaux-Arts.
Étant sportives et sportifs, je pourrais vous dire combien nous remercions Jean Zay d'avoir instauré le sport à l'école.
Étant orléanaises et orléanais, je pourrais vous dire combien nous sommes fiers d'avoir grandi dans la ville de Jean Zay.
Étant fascinés par le cinéma, je pourrais également vous dire à quel point nous sommes reconnaissants envers Jean Zay d'avoir créé le festival de Cannes.
Étant profondément curieuses et curieux, je pourrais vous dire combien nous remercions Jean Zay d'avoir rendu la culture accessible à toutes et à tous.
Étant soucieuses et soucieux de l'égalité de toutes et de tous, je pourrais vous dire combien nous considérons Jean Zay pour avoir rendu l'école équitable et utile à chacun.
Étant marqués par les valeurs républicaines, je pourrais vous dire à quel point nous respections Jean Zay pour avoir incarné ces valeurs tout au long de sa vie.
Étant enfin passionnés d'histoire, je pourrais vous dire combien nous admirons Jean Zay pour avoir créé l'Institut d'histoire de la Révolution Française.
Vous dire tout cela serait peut-être en vain, puisque nous savons tous ici, au Panthéon, qu'à travers ses valeurs, ses actions et ses combats, Jean Zay était un grand homme.
Alors en tant qu'élève, laissez-moi seulement vous dire à quel point nous sommes reconnaissants envers Jean Zay, d'avoir fait de l'école ce qu'elle est aujourd'hui.